En juin 2025, le premier ministre Mark Carney a dévoilé un nouveau partenariat avec Cohere, une société d’intelligence artificielle (IA) basée à Toronto. Le gouvernement a présenté ce partenariat comme s’il s’agissait d’une innovation « conçue au Canada » et destinée à moderniser la fonction publique. Cohere devrait bénéficier d’un financement fédéral de 240 millions de dollars dans le cadre de cette stratégie.
Mais l’histoire qui se cache derrière cette annonce semble être très différente. Cohere fait appel à la société américaine CoreWeave pour gérer ses centres de données, immobilisant ainsi l’argent des contribuables canadiens dans des exploitations américaines. Lorsqu’on lui a demandé de citer des projets gouvernementaux spécifiques qui justifient un investissement aussi considérable, le ministre de l’IA, Evan Solomon, n’a pas pu donner un seul exemple. Et le registre public des projets gouvernementaux liés à l’IA qu’on nous a promis et qui devait garantir la responsabilisation n’a toujours pas été mis en place.
Le fait que des syndicats comme l’Institut – qui représentent les travailleurs et travailleuses les plus susceptibles d’être touchés par ces décisions – aient été exclus des discussions et du Comité consultatif du gouvernement sur l’IA ne fait qu’aggraver notre inquiétude. Pourtant, les entreprises se voient attribuer des sièges à la table. Ce déséquilibre montre quels sont les besoins qui déterminent cette politique.
Un partenariat fondé sur le secret
Le partenariat en matière d’IA entre le gouvernement fédéral et Cohere a été annoncé le mois dernier, mais ses détails restent secrets. Ottawa affirme que l’IA ne coûtera pas d’emplois, mais l’outil « North » de Cohere remplace déjà des tâches de bureau, chez Bell et RBC.
Lorsque le Royaume-Uni a conclu un accord avec Cohere, le champ d’application était public et clair : il incluait l’embauche et la défense. Pourquoi ne pouvons-nous pas bénéficier de la même transparence, ici? Les Canadien·nes, y compris les fonctionnaires, méritent de savoir ce qui se prépare à huis clos – et les syndicats doivent être présents à la table.
Où est le registre public de l’IA qu’on nous a promis? Pourquoi les syndicats sont-ils exclus du Comité consultatif sur l’IA alors que des entreprises bénéficient d’un accès privilégié? Si le gouvernement veut utiliser des technologies intelligentes, il devrait être assez intelligent pour dire aux Canadien·nes comment elles affecteront les emplois, les tâches et l’avenir des services publics. Le fait de garder cet accord secret ne fait que susciter plus de questions et moins de confiance.
De la sous-traitance et une menace imminente de privatisation au moyen de l’IA
Ce partenariat avec Cohere apporte 240 millions de dollars à une entreprise qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et qui fait appel à la société américaine CoreWeave pour l’exploitation de ses centres de données. Pendant ce temps, les professionnel·les des TI du Canada, notamment 20 000 membres de l’Institut, continuent d’être mis à l’écart.
Cohere ne se contente pas d’établir un partenariat avec le gouvernement, cette entreprise conclut également des ententes avec des sociétés de télécommunications privées pour vendre des services d’IA à ce même gouvernement. Bell Canada a signé une entente de partage des recettes afin de commercialiser les outils d’IA de Cohere auprès de clients gouvernementaux et d’entreprises, les deux sociétés se partageant les bénéfices provenant des contrats du secteur public.
Cela crée un système de profit circulaire : les contribuables financent le développement de Cohere au moyen de l’investissement gouvernemental de 240 millions de dollars, puis paient à nouveau lorsque Bell revend les services de Cohere aux ministères.
Cette approche transforme les services publics en flux de rentrées pour des entreprises privées, un précédent dangereux qui menace l’indépendance et l’intégrité des opérations fédérales.
Il ne s’agit pas d’un leadership ou d’une modernisation du Canada en matière d’IA, mais plutôt d’une privatisation arborant un drapeau canadien.
Les réductions dans la fonction publique et le parallèle avec Phénix
Le gouvernement souhaite que les membres de l’Institut soient convaincus que l’IA ne sera pas utilisée pour remplacer des emplois, mais ce partenariat intervient alors qu’Ottawa ordonne des réductions de 15 % dans les services publics – les plus importantes réductions depuis des générations – et rompt sa première promesse faite à la main-d’œuvre fédérale. Cela soulève de réelles inquiétudes quant à l’utilisation de l’IA pour remplacer des travailleurs et des travailleuses.
De plus, le gouvernement réduit les budgets tout en attendant des nouvelles technologies qu’elles fassent magiquement plus de travail pour moins d’argent. Nous avons déjà vu ça avec le système de paye Phénix : le gouvernement nous promettait des économies, mais au lieu de cela, le remplacement des humain·es par la technologie continue de coûter des milliards de dollars et de causer des dommages près d’une décennie plus tard.
La mise en œuvre précipitée de l’IA sans garanties appropriées, sans réglementation ni consultation des travailleurs et travailleuses risque de répéter ces erreurs coûteuses à une échelle encore plus grande.
Le moment est mal choisi pour que ce gouvernement nous demande de lui faire confiance.
Ce que l’Institut veut voir
Nous appuyons une IA qui aide les fonctionnaires à travailler plus et mieux. Mais les travailleurs et travailleuses fédéraux ainsi que la population canadienne que nous servons méritent mieux que des politiques d’IA guidées par des intérêts d’entreprises et des accords de partage des bénéfices. Nous avons besoin de transparence, d’une véritable consultation et de mesures de protection qui garantissent que l’IA sert l’intérêt public, et pas seulement les bilans privés.
Ce dont nous avons besoin :
- De la transparence : la mise en place du registre public de l’IA qu’on nous a promis afin que les citoyen·nes et les travailleur·ses sachent comment l’IA est utilisée;
- Une véritable consultation : l’inclusion de représentant·es syndicaux dans le Comité consultatif sur l’IA et un engagement envers une consultation permanente, notamment à la table des négociations;
- Une expertise canadienne : l’utilisation de nos propres professionnel·les des TI fédéraux pour développer des outils d’IA au lieu de confier ce travail à des sociétés ayant des activités à l’étranger;
- La protection des travailleurs et des travailleuses : l’inclusion de dispositions relatives à l’IA dans les conventions collectives, avec des garanties en matière de formation et de protection contre les mises à pied massives;
- Une surveillance indépendante : l’établissement d’une réglementation en matière d’IA et d’une surveillance de l’IA pour protéger les travailleur·ses et les citoyen·nes.
Cohere est peut-être évaluée à 6,8 milliards de dollars, mais cette évaluation repose en grande partie sur des revenus provenant de l’étranger et sur des partenariats qui privilégient les bénéfices des entreprises par rapport à la prestation de services publics. L’approche secrète du gouvernement fédéral en matière de mise en œuvre de l’IA, combinée à des dépenses massives en faveur de sous-traitants externes et à la mise à l’écart de nos propres professionnel·les, ressemble davantage à une privatisation qu’à une modernisation.
Lorsque nous confions des fonctions gouvernementales critiques à des centres de données exploités à l’étranger et que nous excluons nos propres expert·es du processus décisionnel, nous affaiblissons la souveraineté du Canada et compromettons les services publics qui nous définissent en tant que nation. À l’heure où d’autres pays remettent en question la force et l’indépendance du Canada, nous devrions investir dans l’expertise canadienne et dans une gouvernance transparente, plutôt que de confier des services publics à des partenariats à but lucratif avec des entreprises ayant des activités à l’étranger.
Ce n’est pas ainsi que l’on construit un pays résilient et souverain. C’est plutôt ainsi qu’on le démantèle, un contrat à la fois.
La firme Léger a mené un sondage en juillet 2025 pour le compte de la Fédération canadienne des contribuables. Le sondage affirme qu’une majorité de Canadien·nes souhaite qu’il y ait des réductions dans la fonction publique et qu’une majorité pense que la qualité du service ne s’est pas améliorée malgré la croissance de la fonction publique. L’Institut a réagi au sondage en émettant des critiques, et certaines préoccupations méthodologiques supplémentaires sont exposées ci-dessous.
La représentativité, c’est important
Le sondage en ligne a été mené auprès d’un échantillon de 1 553 adultes canadiens. La sélection de ces adultes s’est faite sur la base d’un échantillonnage non probabiliste (un panel Web dans le cas présent (en anglais seulement)). L’utilisation de ce type d’échantillonnage signifie que la probabilité que des adultes canadiens soient sélectionnés dans l’échantillon est inconnue ou non aléatoire. En termes simples, ce type de méthodologie souffre de biais. Il est à la fois impossible et irresponsable d’affirmer avec certitude que ces résultats représentent fidèlement l’opinion des Canadien·nes.
Des questions biaisées conduisent à des résultats biaisés
Les questions posées sont formulées de façon à présenter des informations sur les chiffres et les dépenses liés à la croissance de la bureaucratie, comme le montre l’extrait suivant : « Selon les dossiers gouvernementaux, le gouvernement fédéral a ajouté 99 000 employés supplémentaires depuis 2016, ce qui a contribué à une augmentation du coût global de la bureaucratie de plus de 70 pour cent. » Les personnes interrogées sont ensuite invitées à donner leur avis sur l’envergure et le coût de la bureaucratie. Les bons sondages reposent sur des questions neutres qui ne biaisent pas les réponses. Si le sondage visait à fournir un contexte et des informations aux répondants, il aurait pu également inclure les raisons de cette croissance. Aucune information complémentaire n’a été fournie, comme la croissance de la population canadienne depuis 2016, les lacunes laissées par les coupes budgétaires du gouvernement Harper ou les tendances de la croissance proportionnelle de la fonction publique en pourcentage de l’emploi. On ne peut s’attendre à ce que des questions qui sont suggestives ou qui fournissent des informations incomplètes produisent des résultats impartiaux.
Résultats non étayés par d’autres données disponibles
L’échantillonnage et la conception du questionnaire conduisent directement à la préoccupation selon laquelle les résultats présentés dans le sondage ne sont pas représentatifs de la population en général, mais plutôt des répondants individuels qui ont participé. L’affirmation selon laquelle une majorité de la population souhaite des réductions dans la fonction publique ne correspond pas aux autres données disponibles. Par exemple, d’autres sondages montrent que la population canadienne soutient encore largement le premier ministre Mark Carney (en aglais seulement), qui a mené sa campagne sur le thème « des plafonds, pas des coupes » dans la fonction publique.
Les membres qui souhaitent agir à titre de président, membre ou ami d’un comité permanent du Conseil d’administration en 2026 sont invités à exprimer leur intérêt en remplissant le formulaire prescrit avant la date limite, soit le lundi 6 octobre 2025.
Comités du Conseil d’administration (CA):
- Comité des statuts et politiques
- Comité d’appel en matière d’élections
- Comité des élections
- Comité de la rémunération des cadres (voir la note 3)
- Comité des finances
- Comité des droits de la personne et de la diversité
- Comité des services et projets informatiques
- Comité sur la reconnaissance professionnelle et les titres de compétence
- Comité consultatif des sciences (voir la note 2)
- Comité d'apprentissage, de formation et de mentorat (CAFM) (Président seulement) (voir la note 3)
Note 1 : Article 17.1.3 des Statuts (Composition) : Tous les comités sont composés de 5 à 7 membres et, à moins d’indication contraire, ils comprennent 1 membre de chaque Région. Lorsqu’un vice-président sert d’agent de liaison à un comité, ce vice-président ne compte pas comme membre du comité.
Note 2 : Un appel de candidatures ne sera pas fait pour le Comité consultatif des sciences jusqu'en 2026 pour un mandat de 2 ans (2027-2028).
Note 3 : Un appel de candidatures ne sera pas fait pour le Comité de la rémunération des cadres et le Comité d’apprentissage, de formation et de mentorat car, selon les statuts de l’Institut, les membres de ces comités sont choisis parmi les membres du Conseil d’administration et/ou les personnes désignées par les présidents des comités de formation régionaux. Toutefois, les membres peuvent indiquer leur intérêt pour le poste de président du Comité d’apprentissage, de formation et de mentorat en cliquant sur le lien suivant et en remplissant le formulaire : Formulaire de mise en candidature (CAFM).
Note 4 : Seuls les bénévoles qui ont dûment respecté le processus d’appel de candidatures, comme les délais prescrits pour présenter leur candidature, sont des candidats admissibles.
Processus de candidature
Vous pouvez vous porter candidat à un maximum de 2 comités, et indiquer leur préférence par ordre de priorité.
Remplissez dûment le formulaire prescrit en cliquant sur le lien suivant: Formulaire de mise en candidature. Voici la marche à suivre pour poser votre candidature :
- Nommez clairement le comité par son nom. Si vous souhaitez siéger à deux comités, veuillez préciser votre premier et deuxième choix.
- Indiquez votre groupe et votre Région.
- Indiquez si vous visez un poste de président, de membre ou d’ami.
Note 5 : Comme condition à votre nomination à l'un des comités, vous pourriez être tenu de signer un accord de confidentialité et une déclaration de conflit d’intérêts confirmant qu’en tant que membre d’un comité, vous déclarer tout conflit d'intérêt perçu ou réel avec les questions discutées au sein dudit comité. En outre, vous pourriez devoir vous rendre disponible pour les réunions du comité dans des délais très courts, conformément aux règlements applicables.
Note 6 : Si vous n’êtes pas désigné président, vous serez considéré comme un membre ou un ami.
Note 7 : Un « ami » du comité est normalement un membre de l’Institut qui s’intéresse aux activités du comité sans être en mesure d’y participer activement. Il est à noter qu’il n’y a pas d’« amis » au Comité de rémunération des cadres, au Comité des élections, au Comité d’appel en matière d’élection ou au Comité des finances.
- Indiquez tous les comités du Conseil auxquels vous avez siégé au cours des cinq dernières années.
- Pour chaque comité auquel vous postulez, vous devez expliquer brièvement (sur le formulaire prescrit) pourquoi vous souhaitez y siéger et ce que vous apporteriez à ce comité.
Date limite
Les mises en candidatures sont acceptées au plus tard le lundi 6 octobre 2025.
Renseignements
Veuillez consulter l’information sur le processus et les critères de sélection en suivant les liens suivants :
Comités du Conseil, statuts de l’Institut et Politique sur les comités du Conseil d’administration.
Pour toute question, veuillez nous contacter à governance@pipsc.ca.
Formulaires de mise en candidature
- Formulaire de mise en candidature
- Formulaire de mise en candidature (CAFM) (pour la présidence du Comité d'apprentissage, de formation et de mentorat)
Comités du Conseil d'administration
- Comité des statuts et politiques
- Comité d’appel en matière d’élections
- Comité des élections
- Comité de la rémunération des cadres (voir la note 3)
- Comité des finances
- Comité des droits de la personne et de la diversité
- Comité des services et projets informatiques
- Comité sur la reconnaissance professionnelle et les titres de compétence
- Comité consultatif des sciences
- Comité d'apprentissage, de formation et de mentorat
OTTAWA, le 4 septembre 2025 — L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) tire la sonnette d’alarme au sujet des réductions du gouvernement fédéral à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).
L’avis non officiel d’un réaménagement des effectifs à l’ASPC a été envoyé à l’IPFPC le 25 août. Les personnes touchées ne connaîtront pas leur statut individuel avant la fin du mois de septembre, mais il est clair qu’une expertise essentielle en matière de santé publique est en train d’être supprimée.
L’ASPC a été créée pour renforcer la capacité du Canada à prévenir et à contrôler les épidémies, à gérer les maladies infectieuses et à protéger la santé des Canadien·nes. Les réductions proposées toucheront l’ensemble du personnel de l’ASPC, y compris les activités du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, seule installation de ce type au Canada et leader mondial reconnu en matière de préparation aux situations d’urgence. Le travail essentiel du laboratoire en matière de recherche, de tests diagnostiques, et de surveillance et de confinement des maladies joue un rôle crucial dans la biosûreté nationale et internationale.
« La suppression de postes dans le domaine de la santé publique alors que le système de santé canadien est déjà poussé à bout laisse le Canada dangereusement mal préparé face à la prochaine crise sanitaire et met des vies en danger », soutient Sean O’Reilly, président de l’IPFPC. « Ces réductions exerceront une pression encore plus forte sur le système, tout en supprimant des programmes vitaux dont bénéficient des millions de personnes, qu’il s’agisse de la recherche sur la maladie de Lyme, des programmes de vaccination, des lignes téléphoniques de prévention du suicide ou de la prévention des maladies chroniques. »
Ce réaménagement des effectifs s’inscrit dans le cadre de l’exercice de recentrage budgétaire du gouvernement fédéral. Des réaménagements des effectifs similaires sont mis en œuvre dans l’ensemble de la fonction publique fédérale pour atteindre les objectifs de réduction des dépenses. Le gouvernement prévoit également de réduire les dépenses de la fonction publique de plus de 15 % dans le cadre de son examen exhaustif des dépenses.
« Ce sont des réductions qui s’ajoutent aux autres. Les réaménagements des effectifs et les réductions dans la fonction publique sont devenus la solution privilégiée par le gouvernement pour atteindre ses objectifs de dépenses, mais on ne peut pas obtenir un Canada plus fort à coups de réductions », déplore M. O’Reilly. « C’est l’austérité de l’ère Harper — voire pire — habillée d’une cravate rouge. »
L’IPFPC représente plus de 85 000 professionnel·les du secteur public un peu partout au pays, dont la plupart sont employés par le gouvernement fédéral. Suivez-nous sur Facebook, sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter) et sur Instagram.
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Source : Johanne Fillion, 613-883-4900 (mobile), jfillion@pipsc.ca
Soutenir la transition de genre au travail : Un guide actualisé à l’intention des membres et des gestionnaires de l’Institut a été mis au point pour promouvoir l’inclusion des genres dans l’ensemble de la fonction publique du Canada. Créé en collaboration avec des dirigeant·es syndicaux et des spécialistes en la matière de l’Institut, ce guide propose des ressources pratiques, des outils et des pratiques d’excellence pour créer des lieux de travail où les personnes queers, transgenres et bispirituelles se sentent en sécurité et accueillies.
Le 15 août 2025
L’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) est entièrement solidaire des 5 400 agent·es de bord d’Air Canada représentés par la Composante d’Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui ont été contraints de déposer un avis de grève en raison du refus de leur employeur de s’attaquer aux problèmes fondamentaux d’équité sur le lieu de travail.
Ce conflit de travail représente bien plus qu’une simple négociation contractuelle : il porte sur le principe fondamental selon lequel les travailleur·ses devraient être payés pour tout le temps qu’ils/elles passent sur leur lieu de travail. Pendant trop longtemps, les agent·es de bord d’Air Canada ont effectué un travail non rémunéré, une pratique qui porte atteinte à la dignité du travail et crée un dangereux précédent dans tous les secteurs de l’économie canadienne.
La dure réalité est que les sections locales du syndicat ont dû mettre en place des banques alimentaires dans leurs propres bureaux pour les agent·es de bord débutants qui n’ont pas les moyens de se nourrir, ce qui révèle le coût humain de la cupidité des entreprises. Aucun·e travailleur·se au Canada ne devrait avoir à choisir entre payer son loyer et acheter de la nourriture, en particulier lorsqu’il/elle exerce des fonctions de sécurité essentielles qui protègent les voyageur·ses.
La réponse d’Air Canada à des propositions raisonnables de salaires et de compensations équitables pour tout le travail effectué révèle une tendance troublante. Plutôt que de s’engager dans des négociations de bonne foi, l’entreprise a choisi de refuser de payer les travailleur·ses pour toutes les heures de travail, de proposer des augmentations de salaire qui ne correspondent pas à l’inflation et de faire appel au gouvernement fédéral pour priver les travailleur·ses de leur droit à l’action collective, protégé par la Charte.
Cette stratégie d’entreprise qui consiste à utiliser l’intervention du gouvernement pour se soustraire à ses responsabilités en matière de négociation menace les droits fondamentaux de l’ensemble des travailleur·ses du Canada, y compris les membres de l’IPFPC dans l’ensemble de la fonction publique fédérale.
Les enjeux de ce conflit dépassent largement le cadre de l’industrie du transport aérien. Lorsque les employeurs peuvent éviter de payer pour tout le travail effectué et s’appuyer sur l’intervention du gouvernement pour supprimer les droits de négociation collective, la position des travailleur·ses dans tous les secteurs s’en trouve affaiblie.
En tant que professionnel·les de la fonction publique, les membres de l’IPFPC comprennent l’importance des services essentiels et d’une juste rémunération pour le travail qualifié que nous accomplissons. Nous reconnaissons ces mêmes principes dans la lutte des agent·es de bord d’Air Canada, qui assurent la sécurité des passager·ères tout en percevant des salaires proches du seuil de la pauvreté.
L’IPFPC est fier de se tenir aux côtés de ses consœurs et confrères du SCFP dans leur lutte pour la justice sur le lieu de travail. Leur lutte est notre lutte, et leur victoire renforce le mouvement syndical pour l’ensemble des travailleur·ses du Canada.
Jusqu’à ce que les négociations entre le SCFP et Air Canada s’achèvent, veuillez prendre note de ce qui suit :
- aucune réservation ne sera faite auprès d’Air Canada pour les voyages des membres et du personnel de l’IPFPC;
- les réservations existantes auprès d’Air Canada peuvent aller de l’avant comme prévu;
- un administrateur financier pourrait vous contacter pour vous proposer une autre réservation pour votre itinéraire de voyage Air Canada existant;
- tout membre de l’IPFPC qui est contractuellement tenu de se présenter au travail dans un aéroport où il y a un piquet de grève doit demander à son supérieur hiérarchique de lui permettre de le franchir en toute sécurité.
SOYEZ SOLIDAIRES AVEC LES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES D'AIR CANADA
Le moment est venu d’investir dans l’infrastructure de la fonction publique du Canada, plutôt que de la démanteler. Alors que le nouveau gouvernement avait promis des « plafonds et non des compressions », il a simultanément introduit une directive visant à réduire les dépenses de 15 % sur trois ans.
Dans cette période d’incertitude économique et environnementale à l’échelle de la planète, la population du Canada a besoin d’une fonction publique sur laquelle elle peut compter. Cette fonction publique constitue l’épine dorsale de la force et de la stabilité nationales depuis des générations.
Nous demandons au gouvernement de tenir ses promesses et de prendre des mesures pour renforcer la fonction publique, car les Canadien·nes ont plus que jamais besoin de sécurité et de stabilité.
Rejeter les compressions
Les mesures d’austérité prises par le passé ont mis à mal les soins de santé, la protection de l’environnement et la sécurité publique. Répéter ces erreurs aujourd’hui mettra en péril des services publics essentiels, augmentera le chômage et affaiblira la capacité de notre pays à répondre aux crises, de l’inflation aux catastrophes climatiques. Des compressions aussi importantes et rapides seraient un nouveau choc déstabilisateur pour notre pays, mais contrairement aux autres chocs, celui-ci serait délibéré.
Le gouvernement peut réaliser des économies en réduisant son recours à la sous-traitance et en se débarrassant des espaces de bureaux inutiles en développant des modalités de travail souples.
Se concentrer sur la résolution de problèmes à long terme, et non sur des solutions à court terme
Le gouvernement applique sans cesse des pansements superficiels à des plaies structurelles profondes. Il doit plutôt s’attaquer aux structures sous-jacentes, aux processus et aux failles culturelles qui rendent les problèmes incontrôlables. Nous appelons à des réformes qui responsabilisent les professionnel·les et récompensent l’innovation et la flexibilité plutôt que l’évitement des risques.
Adopter l’IA de manière responsable
L’IA doit soutenir, et non remplacer, les emplois de la fonction publique. Nous proposons une stratégie pancanadienne pour réglementer l’IA, protéger les droits des travailleur·ses et maintenir l’intégrité de notre démocratie.
Réduire le recours à la sous-traitance
La prévision budgétaire 2025-2026 montre que les dépenses liées à la sous-traitance des services professionnels sont en voie d’atteindre des sommets. C’est inacceptable de la part d’un gouvernement qui s’est engagé à limiter la sous-traitance et qui supprime des emplois à temps plein dans la fonction publique. Nous exigeons une véritable responsabilisation : des mesures de transparence pour suivre et freiner le recours à la sous-traitance, des pratiques d’embauche plus intelligentes et un investissement renouvelé dans l’amélioration des compétences de la main-d’œuvre existante. Les compressions doivent commencer par la sous-traitance, et non par les fonctionnaires qui travaillent pour toute la population.
Reconstruire la capacité et l’intégrité scientifiques
Des années d’ingérence politique et de sous-financement ont nui à la science publique. Nous avons besoin de nouveaux investissements dans la recherche, de l’équité des genres dans les STIM et de politiques d’intégrité scientifique solides pour garantir une prise de décision fondée sur des données probantes à tous les ordres de gouvernement.
Lisez le rapport complet ci-dessous pour voir les recommandations et l’analyse détaillées de l’Institut.
Le 1er août 1834, la Loi sur l’abolition de l’esclavage mettait fin à plus de 250 ans d’esclavage dans tout l’Empire britannique. Mais cette liberté n’a pas simplement été concédée; elle a été obtenue au prix de décennies de résistance des personnes réduites en esclavage, des abolitionnistes et de leurs allié·es, qui refusaient d’accepter que des êtres humains puissent être considérés comme des biens.
Dans ce qui est aujourd’hui le Canada, les communautés nouvellement libérées ont immédiatement organisé des célébrations qui sont devenues de puissants actes de résistance contre la ségrégation et le racisme incessants. Le Jour de l’émancipation et les activités de commémoration qui le marquent ont permis de renforcer les communautés noires, de dénoncer l’injustice et de célébrer la liberté durement acquise tout en luttant pour une véritable égalité.
À nos membres noir·es : cette journée commémore la lutte de vos ancêtres et le combat que vous continuez à mener contre les barrières systémiques. Votre présence dans la fonction publique fédérale perpétue cette tradition d’abattre les murs et d’exiger la justice.
À l’IPFPC, nous représentons les professionnels et les professionnelles qui préservent la mémoire de notre pays, y compris les archivistes et les chercheurs et chercheuses du groupe Recherche (RE) dans des institutions comme Bibliothèque et Archives Canada. Ces fonctionnaires dévoués vivent une vérité troublante : lorsque des compressions budgétaires surviennent, ce sont rarement les histoires des plus puissants qui disparaissent en premier. Ce sont plutôt les témoignages des personnes réduites en esclavage, les archives de la résistance autochtone, la documentation sur les communautés marginalisées qui se défendent.
Cette suppression n’est pas accidentelle. Tout au long de l’histoire, le contrôle du récit s’est traduit par le contrôle de l’avenir. Lorsque nous sous-finançons le travail d’archivage, nous participons à un acte délibéré d’oubli qui ne sert que ceux qui profitent de l’injustice.
C’est en 1834 que le Jour de l’émancipation est célébré pour la 1re fois, une tradition qui se poursuit aujourd’hui, les communautés ayant compris que se souvenir, c’est survivre. Nos membres qui préservent les archives ne se contentent pas de cataloguer des documents : ils mènent une bataille quotidienne contre l’effacement historique, en veillant à ce que les voix réduites au silence dans la vie ne le soient pas à nouveau dans la mort.
Appel à l’action
En ce Jour de l’émancipation, l’IPFPC invite ses membres – membres noir·es et allié·es – à défendre avec lui les institutions et les professionnels et professionnelles qui protègent les voix marginalisées. Que vous travailliez dans les archives, la recherche, la politique ou tout autre domaine, vous avez un rôle important à jouer :
● Militez pour que la recherche historique et la préservation soient suffisamment financées;
● Appuyez vos collègues qui accomplissent ce travail essentiel;
● Dénoncez les tentatives de minimiser ou d’effacer des récits difficiles;
● Souvenez-vous que la préservation de la vérité est un acte de résistance.
La liberté obtenue le 1er août 1834 est le fruit d’une action collective. La protection des archives de cette lutte – et de toutes les luttes pour la justice – nécessite également une action collective.
L’Institut est solidaire de ses membres dans cette lutte essentielle, afin que l’Histoire fasse écho de toutes les voix qui la composent.
Cette semaine, nous avons vu des incendies et des inondations forcer des gens à quitter leur maison. En même temps, les gouvernements ont avancé des projets de loi visant à accélérer la construction de pipelines, de mines et de ports. C’est ce qu’ils appellent l’intérêt national. Nous nous demandons quel type d’intérêt ignore la terre, les gens et les voix des nations autochtones.
Le Canada est confronté à une crise climatique. Les projets préjudiciables à la terre se poursuivent sans véritable consultation. Des projets de loi comme le projet de loi C-5 et le projet de loi 5 ont été élaborés sans tenir compte des peuples autochtones. Ces projets de loi ignorent les droits issus des traités et rompent la promesse faite par le Canada de respecter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Nous appuyons les Premières Nations qui se présentent devant les tribunaux. Alderville, Apitipi Anicinapek, Aroland, Attawapiskat, Fort Albany, Ginoogaming, Kitchenuhmaykoosib Inninuwug, Oneida Nation of the Thames et Wabauskang protègent la terre et leurs droits.
Nous sommes des fonctionnaires autochtones. Nous savons ce qui se passe lorsque les gouvernements prennent des décisions sans écouter. Cela cause du tort. Cela suscite de la méfiance. Cela ne correspond pas à de la réconciliation.
Nous exhortons tous les gouvernements à s’arrêter et à écouter. Les peuples autochtones doivent être associés aux décisions dès le départ. Le respect de la terre doit guider chaque pas.