Ne blâmez pas les négociations pour les déboires de Phénix
Au début du mois, la ministre de Services publics et Approvisionnement Canada, Carla Qualtrough, m’a demandé si j’accepterais de négocier la simplification de certaines règles touchant la rémunération, adoptées au fil de dizaines d’années de négociations, que certains prétendent partiellement responsables du dysfonctionnement du système de paye fédéral. Ma réponse : oui, si cela ne fait pas perdre d’argent à nos membres.
Cependant, ce n’est pas parce que je suis disposée à négocier des changements pratico‑pratiques dans l’intérêt de nos membres que je pense que les règles touchant la rémunération sont intrinsèquement dysfonctionnelles ni que les problèmes de Phénix sont causés par les négociations – loin de là – ou les syndicats.
C’est vraiment absurde et odieux d’accuser les conventions collectives d’embrouiller le système de paye actuel. L’ancien système de paye, conçu à l’interne par nos membres et encore utilisé à certains endroits, a subi de multiples changements sur 40 ans sans causer de catastrophe de ce genre. De surcroît, la plupart de ces changements étaient le fait du patronat et non des syndicats. Le gouvernement fédéral a acheté Phoenix comme une solution logicielle à tous les problèmes de paye, y compris aux changements régulièrement négociés, sans tenir compte de l’expertise et de l’avis de nos membres. Le gouvernement actuel nous a même assurés au début de l’année qu’il n’y aurait pas de problèmes avec la paye rétroactive.
Nous avons donc tout à fait le droit d’exiger qu’un système aussi mal conçu, mis en œuvre et testé que Phénix soit abandonné au profit d’un nouveau système qui fonctionne.
Les économies nationales et internationales reposent sur des choix et des options. Les gens choisissent des voitures, des maisons et des dentifrices différents. Il est ridicule de sous-entendre que l’employeur le plus important du Canada ne peut pas avoir un système de paye différent. Dire que nous n’en avons pas les moyens, c’est nier les conclusions du rapport présenté cette semaine par le vérificateur général (nul ne sait quand le système Phénix fonctionnera correctement ni combien de centaines de millions de dollars il faudra dépenser pour l’arranger) et c’est aussi faire subir à nos membres, aux Canadiens et aux futurs gouvernements le système de paye le plus dispendieux et le plus dysfonctionnel de l’histoire de notre fonction publique.
Les négociations collectives ne sont certainement pas responsables de ce fiasco. Au contraire, elles pourraient nous aider à régler certains problèmes d’ici à ce que nous obtenions le nouveau système de paye que nous exigeons. Un système développé par nos membres. Un système de paye qui marche.
Bien mieux ensemble!
Debi Daviau, présidente de l’IPFPC