L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

Les gens seront peut-être surpris d’apprendre que l’Institut compte des infirmières parmi ses membres. Valerie Emery est l’une d’elles.

Valerie ne craint jamais la routine dans son travail. Car pour les infirmières de l’urgence de l’Hôpital général de Whitehorse, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. « Dans un quart de travail de 12 heures, on voit des patients avec toutes sortes de problèmes : maux de gorge, fractures, traumatismes accidentels. C’est la variété des soins prodigués qui rend ce travail si intéressant », explique-t-elle. Valerie travaille à cet hôpital depuis presque 10 ans, mais elle est affectée à l’urgence depuis un peu plus d’un an. Enfant, elle voulait déjà être infirmière. Avec une mère et une marraine infirmières, elle savait dans quoi elle
s’embarquait.


« Je me trouve chanceuse de toujours avoir su ce que je voulais faire, car j’ai pu m’orienter vers cette carrière tôt à l’école ».

Valerie considère que pouvoir s’occuper des autres est un immense privilège. « Dans la salle d’urgence, les gens vivent la pire journée de leur vie, alors je suis heureuse d’aller vers eux et de les aider à passer cette journée, à traverser cette crise… c’est un bonheur de pouvoir faire ça pour eux et leur famille ».

Valerie adore la variété de ses tâches, mais le plus difficile pour elle, c’est d’être sollicitée de toute part, une exigence inhérente à son travail. « Ça peut être très chaotique et il faut constamment changer ses priorités quand de nouveaux patients arrivent à l’urgence. La personne dont je m’occupe peut ne plus être prioritaire, alors je dois continuellement rediriger mon attention ».

Quand un patient entre à l’hôpital, l’infirmière est l’une des premières personnes qu’il voit. C’est elle qui fait le triage et qui décide de l’urgence des soins dont il a besoin. Et comme il n’y a qu’un ou deux médecins à l’urgence de Whitehorse, la plupart des soins sont donnés par les infirmières. Valerie craint qu’il n’y ait pas assez d’infirmières pour s’occuper des patients et leur assurer des soins de bonne qualité. « Notre capacité d’accueil est poussée à ses limites, et j’ai bien peur que certains patients ne reçoivent que les soins minimums. Si nous avions plus de personnel, nous pourrions vraiment donner des soins de qualité aux patients. Nous avons besoin de plus de personnel pour assurer sur tous les fronts », explique-t-elle.

Quand on est infirmière dans le Nord, les services restreints et le manque de spécialistes s’ajoutent aux difficultés. Il faut être généraliste, cumuler bien des fonctions et être prête à transférer un patient à un plus grand hôpital.

« Si un patient arrive à l’urgence pour une crise cardiaque, il peut être nécessaire de communiquer tout de suite avec l’équipe médicale pour envoyer le patient par avion vers un centre de soins tertiaires et le sauver ». Cependant, Valerie est parfaitement heureuse de travailler dans un petit hôpital et une petite communauté. Pendant ses études à Victoria, on lui a proposé de faire un stage à Whitehorse, ce qu’elle a accepté. Deux ans plus tard, Whitehorse, c’était sa ville.

« L’infirmière qui travaille dans un petit centre peut prendre de l’expérience dans plusieurs domaines. Je n’aurais jamais pu faire ça dans un grand centre urbain. Pendant mon stage, j’ai pu travailler à l’unité de soins intensifs, à l’urgence, à la salle de réveil et à la chirurgie ambulatoire. Les possibilités de m’épanouir dans ma profession étaient tellement nombreuses…

Et je ne peux plus me passer du soleil de minuit », conclut-elle en riant.
 

Zul Nanji est un vérificateur international à la retraite de l’ARC. Originaire du Kenya, Zul travaille en fiscalité internationale depuis son arrivée à Ottawa en 1992. Il a travaillé comme vérificateur pendant 35 ans.

« Nous voyons la fiscalité comme un sport — parfois, nous gagnons et parfois, nous perdons. Et c’est par rapport aux grandes sociétés que nous voulons gagner. Nous tentons de trouver les erreurs dans leur déclaration. Et nous en trouvons! » Pourquoi est-ce important? Selon Zul, la population canadienne est en droit de s’attendre à ce que tout le monde paie sa part d’impôt.

« Ce n’est pas juste qu’une grande société puisse transférer des millions de dollars ailleurs dans le monde sans payer d’impôt, retrancher cette somme de sa déclaration, puis ramener l’argent au pays sous forme de prêt ou de cadeau pour ne pas avoir à payer d’impôt », estime Zul. « Elle a récolté cet argent au Canada, alors elle doit payer son dû. »
 


Ce n’est pas simplement une question d’équité — Zul sait ce qui est en jeu si l’ARC ne réussit pas à sévir contre ce genre de fraude ou d’activité illégale.

« Demandez tout ce que vous voulez à vos représentants du gouvernement. Si les coffres sont pleins, ça ira, sinon, ils doivent vous le refuser, ou c’est alors le déficit budgétaire, et vos enfants et petits-enfants devront en faire les frais. »

Les dossiers de Zul avaient une incidence considérable sur la population canadienne. Son travail diligent a permis aux entreprises canadiennes de concurrencer les importations.

Zul est fier d’avoir représenté les intérêts du Canada sur l’échiquier international. « Lorsque je participais à des réunions à l’étranger, je m’assurais de débattre les questions fiscales avec les représentants des autres pays en cherchant avant tout à défendre l’intérêt du Canada. »

Zul demeure d’avis que les services de l’ARC doivent continuer de relever du secteur public.

« À l’ARC, nous ne nous attardons pas aux profits. Nous cherchons à rendre service à la population », souligne Zul. « Nous cherchons à ce que tout le monde paie sa juste part, car nous voulons assurer le droit aux écoles, aux hôpitaux et aux services sociaux. »

Même à la retraite, Zul continue de rendre service en faisant du bénévolat. Il offre aux aînés de les aider à remplir leur déclaration fiscale.
 

 

Des hôpitaux jusqu’aux autoroutes, en passant par les palais de justice et les ponts, Mike Pauley a aidé à bâtir de grands éléments d’infrastructure publique. Comme ingénieur agréé au ministère des Transports et de l’Infrastructure, Mike gère des projets d’envergure souvent hautement politiques et très controversés.  

Mike n’a pas hésité à faire du génie sa carrière. « J’aime bien réparer des choses et résoudre des problèmes. J’aime aussi jouer avec de gros jouets », dit-il en riant. En fait, Mike a un talent inouï pour résoudre les problèmes – plus ils sont gros, mieux c’est. Et ses fonctions actuelles exigent aussi bien des talents de diplomate – écouter et gérer les parties prenantes – que des compétences en génie.

 

« J’entre en jeu quand des gens viennent me voir avec un concept. Nous devons, par exemple, construire un hôpital psychiatrique à Campbellton. J’étudie le dossier, puis je vois à la réalisation du projet depuis la conception jusqu’à l’achèvement en m’assurant d’avoir répondu aux besoins », explique Mike.

Il faut constamment maintenir l’équilibre entre l’intervention des diverses parties prenantes et le respect de l’environnement, des codes et des normes. L’objectif consiste à livrer un projet qui sert l’intérêt de la population.

« Pour gérer des projets d’infrastructure d’une telle envergure, vous devez voir à ce que la population ait l’assurance que le provincial dispose d’une personne compétente pour mener le projet à bien », souligne-t-il.

La fierté de Mike transparaît dans ses propos sur le projet de la rivière Petitcodiac, à Moncton. Le projet de 61 millions de dollars vise à remplacer l’ouvrage à vannes vieux d’un demi-siècle – et de restaurer la rivière dans la foulée. L’ancienne structure bloquait le flux de marée – causant l’accumulation de grandes quantités de boue, limitant la migration des poissons et dévalorisant l’un des principaux attraits touristiques de la région – le « mascaret ». Il aura fallu des années pour financer le projet, obtenir l’appui des parties prenantes et procéder aux études d’impact sur l’environnement, puis le coup d’envoi a eu lieu l’an dernier. La construction du nouveau pont-jetée et la restauration de la rivière feront partie de ce que Mike laissera comme héritage.  

« Je suis très fier de cette réalisation. Quand je vois à quel point nos projets améliorent la vie des gens, j’ai un sentiment d’accomplissement », mentionne-t-il.  

Mike ne se passionne pas seulement pour le génie – jouer un rôle syndical actif contribue à sa satisfaction au travail. Il participe aux activités syndicales de l’Institut depuis 1996, et est délégué depuis 1998. « L’une des raisons pour lesquelles je suis si actif est que j’aime vraiment aider les gens », souligne-t-il. « J’aime veiller à ce que l’employeur sache quoi faire pour assurer la satisfaction du personnel au travail. Ce n’est pas toujours une question d’argent. C’est une question d’estime de soi, d’apprentissage et de profession comme telle. »

Mike estime que le syndicat ne serait pas grand-chose sans ses membres. « Je répète constamment aux gens que nous sommes le syndicat et que nous aurons plus de satisfaction au travail tant et aussi longtemps que nous nous montrerons solidaires. »

À titre de chercheuse scientifique à Pêches et Océans Canada, Cathryn Abbott crée des solutions viables dans le contexte des changements climatiques. Originaire de Kingston (Ontario), Cathryn a la biologie dans le sang depuis le secondaire. C’est durant ses études supérieures jusqu’au doctorat qu’elle se spécialise en génétique. Sa passion et ses compétences la mènent vers la côte ouest, où elle surveille avec son équipe tout changement dans nos ressources et écosystèmes aquatiques à l’aide de techniques d’analyse de pointe.

«C’est la partie médicolégale de mon travail qui me passionne le plus», souligne Cathryn. «Je prélève des échantillons sur le terrain que je rapporte au labo. Cela me permet d’apprendre des choses autrement impossibles. Dans le laboratoire, je réussis à résoudre de réels casse-tête sur ce qui se passe dans l’habitat naturel. Ce serait impossible avec les techniques d’observation classiques.»

Les techniques d’analyse de Cathryn font qu’elle peut évaluer les effets de l’activité humaine sur la vie aquatique et marine.


«Le fait est que les êtres humains dépendent beaucoup des ressources aquatiques, en le sachant ou non. Comme nous exerçons une pression sur ces ressources, il faut surveiller la réaction du milieu naturel et faire des choix durables à long terme.»

L’aquaculture et la pisciculture ne font pas l’unanimité comme méthodes de gestion pour suffire à la demande accrue en poissons au Canada. Quels en sont les effets sur le poisson sauvage et le fragile écosystème aquatique? Les méthodes de gestion actuelles sont-elles durables? L’équipe de Cathryn trouve des réponses à ces questions.

«Pour l’un des projets, nous utilisons l’ADN environnemental pour analyser les effets de la pisciculture sur le plancher océanique. J’adore me servir de la génétique pour répondre à des questions de la vie courante sur la préservation des ressources.» L’équipe de Cathryn comble un vide entre un milieu naturel en transformation rapide et un secteur de la biotechnologie qui cherche à suivre le rythme. «Il y a des problèmes et il y a des outils biotechnologiques performants. Mais il faut beaucoup de travail pour parvenir à régler les problèmes avec ces outils. Mon défi consiste à tenter de faire converger les deux le plus rapidement et le plus efficacement possible.»

«Il faut s’occuper de l’environnement, et le temps commence à presser à cause du changement climatique», explique Cathryn. Il faudrait certes y consacrer plus de ressources humaines et financières, mais Cathryn reste convaincue que les travaux de recherche doivent demeurer de l’ordre public.

 «Les recherches du fédéral s’effectuent sur des décennies, car il faut étudier les questions sur de longues périodes de temps. Les réponses ne sont pas aussi solides si elles émanent d’un contexte où tout est éphémère.»

Outre la stabilité, la transparence du travail public permet de garantir que le résultat restera fermement ancré dans la volonté de protéger les ressources du Canada.

«Toutes les activités du labo fédéral se rattachent directement à notre mandat, c’est-à-dire servir la population canadienne», souligne Cathryn. «Nous réalisons du travail appliqué dans les laboratoires. Et nous avons des comptes à rendre à la population. Il n’y a pas d’autre objectif.»

« Ce n’est pas facile de concilier la vie professionnelle et la vie de famille. Mais je dois à mes enfants de tout faire pour qu’ils puissent vivre dans le même monde magnifque que celui que ma génération a connu. Ces sacrifces sont donc pour moi, bien davantage, un devoir ». À titre de scientifque de l’écosystème à Environnement et Changement climatique Canada, Cecilia analyse, interprète et diffuse l’information relative à l’écosystème de la mer des Salish et du bassin du fleuve Mackenzie.

« La recherche joue un rôle important dans la compréhension des changements environnementaux, de leurs causes et des moyens à prendre pour atténuer les changements néfastes, soutient-elle. On trouve rarement des solutions aux problèmes qu’on comprend mal ».
 


Cecilia est titulaire d’un baccalauréat en biologie et psychologie et d’une maîtrise en ressources et études environnementales.

« J’ai toujours été curieuse de nature, explique-t-elle. Le pourquoi et le comment des choses me passionnent depuis toujours, que ce soit en biologie ou en psychologie. En fait, l’environnement est l’alpha et l’oméga de mon questionnement ».

Cecilia a décroché son premier emploi dans la fonction publique à Environnement Canada dans le cadre d’un programme d’alternance travail-études. « Cet emploi m’a permis d’apprendre à appliquer les connaissances acquises à l’école. Après ma maîtrise, j’ai pu décrocher un poste à temps plein ».

La collaboration est inhérente au travail environnemental, et Cecilia a toujours besoin de travailler avec des scientifques, des chercheurs, des organisations non gouvernementales, des Autochtones et d’autres intervenants communautaires pour mieux comprendre les problèmes de l’écosystème de la mer des Salish et tenter de les régler. Et comme le Canada partage cet écosystème avec les États-Unis, Cecilia collabore étroitement avec ses homologues américains.

« Nous travaillons main dans la main, car nous sommes dans le même bateau, poursuit-elle. Nos façons de travailler peuvent différer de part et d’autre de la frontière, mais le bien être humain, si intimement lié à l’accès à l’air pur, à l’eau propre et à la santé des écosystèmes, est un besoin commun qui échappe aux frontières ».

Cecilia croit qu’un bon scientifque doit être un bon communicateur. Il doit être capable de recueillir des données et de les analyser correctement, de les interpréter et de communiquer ses conclusions logiquement aux autres. Lorsque la science se développe et se répand, elle suscite des débats éclairés et fnit par mener à de meilleures politiques publiques.

La protection des fragiles écosystèmes est une tâche ardue, et Cecilia est très fière de pouvoir y contribuer.

« La mer des Salish, c’est chez moi. Un chez-moi que je partage avec plus de sept millions de personnes au nord comme au sud de la frontière. Ma famille est ici. Mes enfants sont ici. C’est pourquoi assurer la durabilité de cet écosystème pour les générations à venir me tient tant à cœur. »

Aujourd’hui, après y avoir travaillé quatre ans comme analyste, Andrew sait très bien quel rôle primordial le TCCE joue dans la protection des emplois et des intérêts industriels au Canada. Natif d’Ottawa, où il a aussi grandi, Andrew a décroché son premier emploi au gouvernement fédéral à 17 ans grâce au Programme fédéral d’expérience de travail étudiant.

Il a ensuite travaillé à l’approvisionnement dans les Forces canadiennes puis aux Travaux publics avant d’être embauché au TCCE, où il compile à titre d’analyste des rapports servant à décider s’il faut imposer des droits de douane aux marchandises arrivant au Canada. Les cas traités au TCCE sont très variés, mais Andrew se spécialise dans les subventions et le dumping. Il aide les membres du TCCE à obtenir l’information tirée de sondages et les données recueillies auprès d’intervenants, tels que des producteurs, des importateurs et des acheteurs canadiens et étrangers, car ils en ont besoin aux audiences pour déterminer si des préjudices ont été causés au secteur et s’il faut imposer des frais de douanes aux marchandises arrivant au Canada.
 


« C’est difficile à établir précisément, explique-t-il, car aucune loi canadienne n’oblige ces intervenants à répondre à nos questions, mais nous faisons de notre mieux pour avoir un bon taux de réponse, explique-t-il. Il faut avoir le tour d’aborder les gens et de leur parler pour les amener à divulguer certains renseignements. Il faut beaucoup d’entregent ».

Ce qu’Andrew trouve le plus intéressant dans son travail, c’est de sortir du bureau pour visiter des usines. Ce sont ces visites qui lui font comprendre comment et où les produits qu’il examine sont faits et qui les fait. « J’aime beaucoup les rapports directs avec les gens. Dans la vie de tous les jours, il est rare de rencontrer les gens qui fabriquent la tôle d’acier au carbone laminée à chaud de Sault-Sainte-Marie ou les glacières de Brantford. C’est super de jeter un éclairage différent sur ce que ces gens font au quotidien. »

Andrew veut vraiment aider le TCCE à rendre des décisions justes et impartiales et se dit là pour protéger la compétitivité des entreprises canadiennes, bénéfique au secteur industriel, aux emplois et finalement aux consommateurs canadiens. « Les mécanismes de protection sont très importants pour empêcher que la sous-estimation de prix, la compression de prix ou les subventions gouvernementales dans d’autres pays nuisent injustement à nos industries », précise-t-il.

Andrew considère que l’impartialité du TCCE est cruciale pour protéger les industries et les emplois canadiens et que le secteur privé ne pourrait pas être impartial. « Je ne crois pas que le secteur privé imposerait beaucoup de droits de douane s’il en avait la liberté. Il serait un peu laxiste ».

« Je suis fier de travailler pour le gouvernement canadien. C’est un milieu de travail formidable. J’y suis depuis une dizaine d’années et je prévois poursuivre ma carrière ».

Gestionnaire de soutien du réseau à la BFC de Greenwood depuis 30 ans, Eva en a vu, des changements technologiques. Elle entretient les systèmes de réseautage qui diffusent en temps réel des vidéos de haute qualité depuis des avions militaires, grâce auxquelles le personnel au sol peut rapidement prendre des décisions. Son travail aide les militaires déployés à l’étranger et contribue à la sécurité des familles canadiennes au pays.

« En cas d’incendie ou d’inondation à Winnipeg, nous pourrions survoler la zone avec cet avion, filmer la scène et transmettre la vidéo en temps réel pour éclairer les interventions », explique Eva.
 


La résolution de problèmes et le dépannage sont ce qu’elle aime le mieux, même si elle subit beaucoup de pression quand elle doit réparer rapidement le réseau d’un avion qui doit décoller. « C’est parfois très stressant, reconnaît-elle. Mais l’armée m’a très bien préparée à ces situations au fil des ans. Grâce à tout cet entraînement, il n’y a pratiquement aucun problème que je ne peux pas régler. Je suis très à l’aise dans ce que je fais ».

Son affectation au Moyen-Orient est l’un des moments forts de sa longue carrière. « Comme civil, on n’a pas l’habitude de cet environnement. Le travail qu’on fait prend tout son sens et on comprend alors ce qui se passe et combien ce qu’on fait est important. On ne peut qu’en être fier. » Travailler comme civile avec des militaires est une caractéristique unique de la carrière d’Eva. Elle reconnaît les difficultés liées à son statut, mais elle en apprécie aussi les avantages. « Il faut apprendre à connaître la culture et la mentalité militaires. L’attention des militaires se porte sur des points auxquels nous ne faisons pas forcément attention naturellement, mais cette différence est nécessaire. Une fois qu’on s’y habitue, on ne peut plus s’imaginer travailler ailleurs ».

Eva comprend aussi le rôle important que les civils jouent dans l’armée. Avec le roulement du personnel militaire à la base, c’est à elle et à ses collègues professionnels de la fonction publique qu’il revient d’assurer la continuité et la stabilité de la base et d’être les gardiens de son histoire.|

Eva ne compte pas beaucoup de femmes parmi ses collègues à la base militaire et dans les systèmes de réseautage. « On s’habitue à travailler avec beaucoup d’hommes et je trouve que je dois parfois faire mes preuves plus qu’un homme, observe-t-elle. Mais une fois qu’on est à l’aise dans son travail et qu’on le fait avec assurance, les collègues le remarquent et le sexe n’a plus vraiment d’importance ».

En fait, Eva trouve son travail tellement enrichissant qu’elle adorerait voir d’autres femmes poursuivre cette carrière et vivre les défis et les réalisations qu’elle aime tant. 

Elle croit en son travail et elle est fière d’être une professionnelle de la fonction publique. « Notre travail nous tient à cœur. Nous en sommes très fiers et nous voulons donner les meilleurs services aux Canadiens ».

« Les Canadiens ont découvert leur pays et leur société au travers des films de l’ONF, s’exclame Claude. Je suis très fier de mon travail, car je contribue à préserver la mémoire collective de la société canadienne. » Pourtant, ce n’est pas le chemin que Claude avait choisi au départ. « Au début des années 80, je suis parti en Californie avec un sac à dos et une guitare, et le rêve de devenir musicien. Je suis un rock and roller réformé! » Grâce au réseau de contacts artistiques qu’il a établi lors de ce séjour, Claude s’est intéressé à la photographie. Cet intérêt allait lui servir lorsqu’il réalisa, après quelques années, qu’il ne deviendrait pas une star du rock hollywoodien. Claude prit alors la décision de retourner aux études

De retour au Québec en 1992, il s’inscrit en imagerie numérique au Cégep Ahuntsic. Une décision qui le mènera éventuellement à la photothèque de l’ONF. À ses débuts comme technicien en 1999, Claude était très heureux de faire partie de cette organisation. « C’était merveilleux! C’est un environnement tellement stimulant ici. » La mission de l’ONF est de créer des films pour faire connaître le Canada et le monde aux autres Canadiens, ce qui lui est très enrichissant : « On fait des films d’animation, des documentaires. Juste de baigner autour des gens qui créent, c’est en soi vraiment extraordinaire. »
 


L’univers du cinéma nous fait voyager et les photos qui en sont tirées nous en apprennent beaucoup, selon Claude. Événements historiques, problèmes sociaux, vie quotidienne ou lieux inusités. « Les photos nous parlent, elles sont pleines d’informations. Elles nous racontent une histoire.

« Quand on dit qu’une photo vaut mille mots, ce n’est pas pour rien! » Claude et son équipe reçoivent beaucoup de matériel provenant des différentes productions de l’ONF. « Mon travail consiste à recueillir et à conserver les photographies qui composent la collection et à s’assurer que ces photographies soient accessibles au public canadien. » Gérer la collection n’est pas une mince tâche : on estime à 600 000 le nombre d’articles physiques et à quelques millions le nombre d’articles numériques! « C’est un travail de longue haleine, c’est un travail continu », explique Claude.

Les photographies, sur divers supports physiques, sont conservées dans d’immenses voûtes à environnement contrôlé et à accès restreint. Paradoxalement, l’explosion du numérique a rendu la tâche plus diffcile, car le nombre d’articles à gérer croît de façon exponentielle en raison de la facilité de créer du matériel photographique. Selon Claude, le gouvernement peut faire plus pour préserver notre mémoire collective. « Si les ressources étaient disponibles, on pourrait investir plus parce qu’il y a encore beaucoup du patrimoine photographique qui dort sur les tablettes. » Tous ces clichés peuvent se retrouver dans des musées de par le monde, dans différentes expositions et activités qui permettent aux gens de les admirer.

Claude reçoit également des demandes d’éditeurs de livres et de magazines, de réalisateurs de films ou de télévision, à la recherche d’une photographie d’un événement ou d’une personnalité particulière. Certaines personnes cherchent aussi des photos de membres de leur famille. Claude estime donc qu’il est très important pour les Canadiens de conserver ces archives. « C’est un patrimoine culturel immense. Au travers des décennies, on peut voir l’évolution de la société. On peut voir l’évolution de l’industrie du cinéma.

Il y a énormément de savoir et de connaissances dans ces photos. Dans le cadre d’anniversaires tels que le 150e de la Confédération canadienne ou le 50e d’Expo 67, ce matériel nous permet de nous souvenir. C’est important de savoir d’où on vient pour savoir où on s’en va », explique Claude.

Claude tire une très grande fierté de son travail dans l’industrie du cinéma et de pouvoir la faire rayonner au Canada et à travers le monde. « Mais surtout, c’est quand je regarde un film de l’ONF et je me dis, wow! Je travaille où ils font ça! C’est généralisé chez les gens qui travaillent ici. Quand on voit ce que les artisans du cinéma font, on est très fier d’y avoir participé. »

Son amour de l’histoire et de l’éducation est né alors qu’il était enfant, à Kamloops, en Colombie-Britannique. Ses parents enseignaient et James se rappelle que les débats sur l’histoire et la politique accompagnaient souvent le souper. Riche de ces souvenirs d’enfance, ses diplômes universitaires et professionnels en poche, James était destiné à travailler au Musée canadien de l’histoire (MCH), où le résultat de ses recherches serait admiré par des millions de Canadiens.

À titre de conservateur de la période postérieure à la Confédération canadienne, James passe ses journées à élaborer des expositions, à choisir des artéfacts, à participer à des recherches, à fouiller les collections et à répondre aux demandes d’information du public.
 


« Bien des choses rendent mon travail intéressant mais, comme historien, j’ai toujours la chair de poule quand je travaille avec les collections et que je vois de près les millions d’artéfacts que nous possédons, s’enthousiasme James. C’est un sentiment incroyable de manipuler des artéfacts si importants dans notre histoire ».

Ce sont les artéfacts personnels liés à des moments forts de l’histoire canadienne qui le fascinent le plus, et il a un faible pour les chandails de hockey portés par Rocket Richard et encore tachés de sang. « Le chandail symbolise le hockey et le statut d’idole du Rocket pour des millions de Canadiens. Il évoque aussi son histoire personnelle, dont l’impact marque encore son chandail ».

La boîte à lunch de Nora Gibson, qu’elle a trimbalée tous les jours à l’usine d’avions-chasseurs de Fort William, où elle était ouvrière lors de la Deuxième Guerre mondiale, occupe aussi une place de choix dans son cœur. C’est un autre « objet personnel qui évoque un événement national très important ». Au MCH depuis quatre ans, James consacre ses efforts et son expertise à la création de la nouvelle salle de l’histoire canadienne, une exposition permanente couvrant 15 000 ans d’histoire de l’humanité sur 40 000 pieds carrés.

« Avec cette salle, nous tentons de raconter l’histoire de la richesse du Canada, de sa diversité, de certaines de ses tensions, de ses peines, de ses luttes et de ses réalisations », poursuit-il.

Cette exposition vise entre autres à montrer que l’histoire existe toujours en plusieurs versions et qu’elle peut donner lieu à de nombreuses expériences. C’est pourquoi James est très fier d’avoir pu obtenir la pleine collaboration de diverses communautés.

Le volet de l’exposition sur les pensionnats indiens a été le plus diffcile à monter, mais aussi le plus enrichissant pour James. Il savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur. Avec ses collègues, il a mené de multiples entrevues directement auprès des victimes et a beaucoup appris d’elles. « Écouter ces histoires et voir le courage qu’il faut pour les raconter a été une expérience profondément émouvante et marquante ».

À titre de chercheur de la fonction publique, James admet qu’il n’a jamais assez de temps et de ressources, mais il maintient catégoriquement que c’est au secteur public de faire ce travail.

« Nous sommes là pour raconter l’histoire du Canada et les histoires des Canadiens au public. Je pense qu’une institution comme la nôtre, qui croit en l’équité, l’équilibre et l’honnêteté au travail, nous permet de présenter l’histoire aux Canadiens avec authenticité ».