L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

"When the public service is outsourced, Canadians suffer" published in the Globe and Mail on July 14, 2017

While the current government has been right to criticize the last one for laying off hundreds of compensation staff before it rolled out Phoenix, it’s the decisions around outsourcing such projects in the first place that demand a rethink.

Normalement, l’annonce que le ministère de la Défense nationale (MDN) augmente son budget annuel de 18,9 milliards à 32 milliards de dollars d’ici 2026 aurait de quoi rassurer les Canadiens (et particulièrement les membres de l’IPFPC qui travaillent au MDN) quant à leur sécurité. La teneur de la nouvelle politique de défense du Canada intitulée Protection, Sécurité, Engagement, ne laisse toutefois planer aucun doute que le MDN perpétuera son recours excessif à la sous-traitance de ses services. D’autres syndicats sont aussi sur un pied d’alerte.

À cette politique s’ajoute l’engagement du ministre des Finances Bill Morneau à injecter 35 milliards du budget consacré aux infrastructures, dans des partenariats avec le secteur privé pour l’exécution de projets fédéraux. Raison de plus, donc, de croire que la sous-traitance est une pratique qui s’incruste.

Plutôt que de continuer à augmenter le nombre de services sous-traités, le MDN devrait s’engager à les réduire – bien avant 2026 – et à réinvestir dans ses propres effectifs. Il peut commencer, par exemple, par la mise en œuvre des nouvelles dispositions de la nouvelle convention collective signée avec le groupe CS de l’IPFPC.

La dépendance du gouvernement fédéral aux soi-disant partenariats public-privé (PPP), comme l’attribution l’année dernière d’un contrat de 322 M$ sur plusieurs années à Uptime Infrastructure Partners pour l’agrandissement du Centre de données d’entreprise (CDE) à la base des Forces canadiennes de Borden, en Ontario, doit être réduite sans plus tarder.

J’enverrai sou peu une lettre au ministre Harjit S. Sajjan lui demandant d’agir en ce sens.

Bien mieux ensemble!

Debi Daviau

Présidente

Les recommandations relatives à Services partagés Canada (SPC) d’un récent rapport, encore une fois préparé par des consultants, montrent que le secteur privé n’est jamais avare de conseils en matière de sous-traitance au gouvernement du Canada. L’Examen de l’harmonisation des ressources de Services partagés Canada (SPC), entamé l’an dernier au coût de 1,35 M$ par Gartner Canada Inc., critique le gouvernement pour avoir largement sous-estimé « la taille, l’échelle et la complexité » de ses projets de TI. Gartner Canada entreprend ensuite de recommander plusieurs changements, dont la création d’un groupe de travail multidisciplinaire sur la transition de SPC formé de représentants de l’industrie et de cadres supérieurs du gouvernement, qui ferait office de « soupape de sécurité » en permettant aux ministères de trouver des solutions de rechange quand SPC ne suffit pas à la tâche, et la nécessité d’envisager de donner une nouvelle structure à SPC, telle que celle d’une agence, d’une société de la Couronne, d’un partenariat stratégique ou d’une entreprise commune. Toutes ces « solutions », si elles étaient adoptées, favoriseraient encore plus la sous-traitance des services que maintenant.

Il me semble qu’hier encore la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement se levait à la Chambre des communes pour soutenir que SPC ne serait pas autorisé à externaliser près du tiers de ses effectifs, en dépit des recommandations du rapport de PricewaterhouseCoopers de 2014, commandité par SPC. Ce rapport-là mérite lui aussi de rester sur une tablette.

Après avoir réussi à négocier un libellé plus explicite pour protéger les membres CS des répercussions de la sous-traitance, quelle cruelle ironie de voir suggérer dans ce rapport l’externalisation encore plus généralisée par SPC des services de la fonction publique, plus encore que ce que le gouvernement Harper proposait! Et tout cela à la suite de la promesse de 2015 du gouvernement libéral de réduire ses dépenses en consultants externes à leurs niveaux de 2005-2006...

Le fait que le rapport Sommaire de gestion (le rapport complet n’a pas été rendu public) mentionne pas moins de 34 cas où l’information a été censurée est également troublant. Le gouvernement ne fait donc pas connaître la totalité de l’information et des recommandations sur lesquelles le rapport est fondé. L’Institut a déposé une demande d’accès à l’information pour en savoir plus.

Cette révélation suit de peu la diffusion d’un autre rapport, tiré d’un sondage auprès des employés de SPC mené en 2016 par Ipsos Affaires publiques, qui conclut notamment que la sous-traitance a contribué à fortement démoraliser les employés du Ministère, corroborant ainsi les conclusions de notre propre sondage de 2015.

La sous-traitance s’avérait un échec à cette époque et en est toujours un maintenant. Les dépassements de coûts chroniques, les retards et les autres problèmes liés notamment au regroupement des systèmes de courriel, au site Web canada.ca et au projet de transformation de la paye sont toujours là pour nous le rappeler.

Quand on pense « sous-traitance », un nouveau fiasco Phénix n’est jamais bien loin.

Le gouvernement devrait arrêter de recourir excessivement à la sous-traitance et commencer à écouter ses employés, notamment en investissant dans leur perfectionnement professionnel et dans les ressources dont ils ont besoin pour rendre SPC efficace. Le succès se trouve à l’interne et non dans des compagnies externes.

L’Institut écrira au président du Conseil du Trésor, Scott Brison, pour lui expliquer en détail ses préoccupations et prendra tous les moyens possibles pour que le rapport Gartner ne se réalise jamais.

Bien mieux ensemble!

Debi Daviau

Présidente

Un nouveau rapport, commandé par Services partagés Canada (SPC), donne raison à l’Institut de signaler les dangers de la sous-traitance au gouvernement fédéral.

Le rapport, réalisé par Ipsos Affaires publiques et diffusé au début de la semaine, présente un résumé des consultations tenues à l’été et à l’automne 2016 auprès des employés de SPC, de leurs collègues de la fonction publique, des représentants de l’industrie et du public canadien.

Le rapport établit notamment que les employés de SPC attribuent directement le problème notoire de moral bas du personnel de cet organisme au recours excessif à des sous-traitants, à l’absence de possibilités d’avancement professionnel interne et au roulement du personnel.

En 2015, un sondage de l’Institut auprès des membres du groupe CS avait permis d’apprendre que les postes donnés en sous-traitance n’ont jamais été annoncés à l’interne, selon 91 % des répondants. Cette conclusion a été reprise, entre autres, dans le rapport Programmé pour l’échec, publié par l’Institut en juin 2016 pour soutenir que la sous-traitance est démoralisante, réduit la transparence du gouvernement fédéral et lui coûte cher en argent, en emplois et en productivité.

Le fiasco du système de paye Phénix et l’enlisement de l’initiative de transformation du système de courriel du gouvernement fédéral illustrent malheureusement comment de grandes multinationales effectuent du travail que les spécialistes du gouvernement, tels que les membres du groupe CS, pourraient mieux faire à l’interne.

Les preuves contre la sous-traitance sont là et continuent de s’accumuler. Le gouvernement fédéral devrait être très attentif aux conclusions de ce rapport et aux préoccupations exprimées par les principaux intervenants avant de poursuivre la modernisation de sa structure informatique.

 

Transcription :

Les employés fédéraux qui s’occupent de tout – de l’environnement, de notre système fiscal, de la sécurité des données – sont systématiquement remplacés par autre chose : une fonction publique fantôme, composée d’entreprises privées

Cette pratique qui consiste à sous-traiter des services et des fonctions qui revenaient autrefois au gouvernement s’appelle la sous-traitance ; or, la dépendance excessive du Canada envers la sous-traitance met de plus en plus en péril les services publics dont nous avons tous besoin.

Prenons pour exemple le système de paye du gouvernement canadien. Le gouvernement a dépensé 142 millions de dollars pour sous-traiter le développement du système de paye Phénix. Toutefois, ce système lui coûte déjà 50 millions de dollars de plus rien que pour régler ses innombrables défaillances. Ces défaillances ont fait du tort à plus de 80 000 fonctionnaires et à leurs familles. On parle donc d’un travailleur sur quatre.

Parce qu’ils n’ont pas été payés – parfois pendant des mois – ils sont des milliers à s’être endettés; certains risquent même d’y laisser leur maison.

On n’a pas fait confiance aux propres experts du gouvernement pour créer Phénix et maintenant, ce sont ces experts qui en font les frais.

Et ce n’est qu’un seul projet parmi tant d’autres. La sous-traitance coûte plus de 10 milliards de dollars par année au gouvernement canadien. C’est plus que les budgets combinés de 10 grands ministères fédéraux!

Le gouvernement donne en sous-traitance ce pourquoi il a toujours existé; ce dont nous avons toujours besoin. Imaginez une sous-traitance irresponsable à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, à Santé Canada, ou à la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Le temps est venu de mettre fin à la dépendance excessive du Canada à la sous-traitance.

Le temps est venu d’investir dans les fonctionnaires canadiens.

Le temps est venu d’investir dans notre pays.