Le commentaire suivant du président de l'IPFPC a été publié dans la section Head to head du magazine Benefits Canada (en anglais seulement) qui recueillait les propos de Mark Ma, professeur agrégé à la Faculté d'administration des affaires de l'Université de Pittsburg (Katz Graduate School of Business) et Sean O’Reilly.
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QUESTION: Les employeurs devraient-ils obliger les employé·es à revenir sur leur lieu de travail physique?
(Le texte qui suit est une traduction)
Cinq ans après que la pandémie de la COVID-19 a normalisé le concept de travail à distance, couramment appelé télétravail, des leaders d’opinion universitaire et syndical conviennent qu’il n’existe aucune preuve justifiant les mandats de retour au bureau.
Sean O’Reilly, Président, Institut professionnel de la fonction publique du Canada
L’avenir du travail ne réside pas dans le comptage des jours de présence au bureau, mais plutôt dans le fait de donner aux travailleur·ses canadiens les moyens d’offrir leur meilleur rendement. Les directives fédérales imposant un retour au bureau pour tout le monde ignorent cette réalité ainsi que les preuves accablantes en faveur des modalités de travail flexibles.
Les données démontrent systématiquement que le travail à distance accroît la productivité et améliore la prestation de services. Selon Statistique Canada la productivité de la fonction publique fédérale a augmenté de 4,5 %, entre 2019 et 2023, tandis qu’elle travaillait à distance. Par ailleurs, 91 % de nos membres signalent que leurs réunions restent virtuelles, et ce, même lorsqu’on les oblige à être présents sur place, ce qui crée une situation absurde où des professionnel·les se rendent au bureau simplement pour recevoir des appels vidéo auxquels ils et elles pourraient facilement répondre depuis leur domicile.
Ce dont nous avons besoin, plutôt, c’est d’une approche de « présence justifiée », c’est-à-dire qu’on nous demande d’être au bureau quand c’est vraiment nécessaire, en fonction des nécessités du service et des exigences propres au poste. Une telle approche repose sur la reconnaissance du fait que, si certaines fonctions requièrent une présence physique, des milliers d’autres peuvent être exercées efficacement de n’importe où.
Il n’y a pas que les travailleurs et travailleuses qui y gagneraient. En effet, les options de travail à distance permettent aux contribuables d’économiser de l’argent sur les frais immobiliers et les coûts indirects, contribuent à retenir les talents (des études montrent que les options flexibles peuvent réduire le taux de roulement du personnel de 25 %) et créent des lieux de travail plus inclusifs. Le travail à distance élimine des obstacles importants à la pleine participation de femmes, de proches aidant·es, de personnes handicapées et de membres d’autres groupes méritant l’équité.
Malheureusement, les mandats arbitraires de retour au bureau ont des conséquences disproportionnées sur ces mêmes groupes. Nos sondages montrent que 50 % des employé·es racisés, des personnes 2ELGBTQ+ et des personnes handicapées sont susceptibles d’envisager de quitter la fonction publique en raison des exigences rigides de présence au bureau.
La pandémie a prouvé que les modalités de travail flexibles peuvent être efficaces. Plutôt que de s’accrocher à des modèles de lieux de travail dépassés, les employeurs – le gouvernement canadien en tête – devraient adopter des approches fondées sur des données probantes qui augmentent la productivité tout en améliorant la vie des travailleurs et des travailleuses. Les organisations qui prospéreront sont celles qui privilégieront des modalités de travail fondées sur les résultats et les nécessités du service, plutôt que sur la présence physique comme une fin en soi.