James Brooks
Je suis directeur de la Division de la résistance aux antimicrobiens au Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections à l’Agence de la santé publique du Canada. Je travaille comme consultant en maladies infectieuses depuis 20 ans et suis actuellement chargé de cours au département de la médecine à l’Université d’Ottawa. En 2004, j’ai joint les rangs de la fonction publique pour étudier les rétrovirus émergents dans le but de protéger le système d’approvisionnement en sang. Plus précisément, à la suite des travaux de la Commission Krever, j’ai élaboré un test pour les virus simiens qui pouvaient être transmis des singes aux humains. À mes débuts au gouvernement fédéral, j’ai fait la preuve de l’infection des humains par des rétrovirus simiens et me suis fait le champion de l’élaboration de politiques d’exclusion pour les dons de sang. Alors que j’étais chef du Laboratoire national de la génétique du VIH, mon équipe a mis en place une nouvelle technologie pour les tests qui a été adoptée à l’échelle mondiale avec la collaboration de l’OMS. En réponse à l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, j’ai été détaché à deux reprises à un laboratoire diagnostique d’Ebola. Actuellement, je dirige un projet de surveillance nationale sur la RAM/UAM avec intégration de la gérance des antimicrobiens et des programmes de PCI. Réexaminant mon intérêt initial pour les virus émergents, je dirige actuellement une surveillance du SARS-CoV-2 dans les eaux usées avec des partenaires au Laboratoire national de microbiologie. Je demeure cliniquement et académiquement actif au département de la médecine à l’Hôpital d’Ottawa.
J’ai travaillé en milieu universitaire, en clinique et pour un service provincial de santé publique. Pendant ma carrière au sein de la fonction publique, j’ai connu ce que le gouvernement fédéral a de mieux à offrir, mais aussi certaines difficultés. L’élaboration d’un programme international guidé par un mandat pour les tests de résistance aux médicaments contre le VIH, voilà un exemple des possibilités qui existent au sein d’une organisation du gouvernement fédéral. Ce programme a été un succès grâce au soutien de la haute direction et à une indépendance relative des décisions politiques périphériques changeantes. L’élaboration et le déploiement de ce programme demandaient du courage de la part de la haute direction pour permettre aux scientifiques de collaborer et de s’épanouir.
Les défis dans la fonction publique, et à l’ASPC plus particulièrement, sont surtout associés à la perte d’un leadership médical fort. Lorsque je faisais partie du LLCM, la gestion de la santé publique était établie avec des médecins qui avaient été formés et avaient pratiqué en médecine avant de choisir de faire carrière en santé publique. Après la H1N1, il y a eu une diminution constante du nombre de médecins, surtout de ceux qui avaient une forte expérience clinique, à l’Agence de la santé publique. Une partie de ce changement est attribuable aux départs à la retraite, mais la majeure partie de cette érosion est due à un changement de philosophie au sein de la fonction publique. La division entre les experts politiques et les experts techniques est devenue la règle pour la plupart des programmes à l’Agence. Le manque de respect pour l’expertise et l’incapacité d’encadrer un leadership médical fort au niveau des programmes ont créé un vide à l’Agence. Pour l’avenir, je crois que nous avons une occasion sans précédent de renouveler le portefeuille de la santé au sein du gouvernement. L’heure est à la croissance et au leadership des groupes de santé pour que les organisations au sein du gouvernement soient prêtes à faire face à la prochaine urgence sanitaire.