L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

Déclaration à l’occasion du Jour de l’émancipation 2025

Le 1er août 1834, la Loi sur l’abolition de l’esclavage mettait fin à plus de 250 ans d’esclavage dans tout l’Empire britannique. Mais cette liberté n’a pas simplement été concédée; elle a été obtenue au prix de décennies de résistance des personnes réduites en esclavage, des abolitionnistes et de leurs allié·es, qui refusaient d’accepter que des êtres humains puissent être considérés comme des biens.

Dans ce qui est aujourd’hui le Canada, les communautés nouvellement libérées ont immédiatement organisé des célébrations qui sont devenues de puissants actes de résistance contre la ségrégation et le racisme incessants. Le Jour de l’émancipation et les activités de commémoration qui le marquent ont permis de renforcer les communautés noires, de dénoncer l’injustice et de célébrer la liberté durement acquise tout en luttant pour une véritable égalité.

À nos membres noir·es : cette journée commémore la lutte de vos ancêtres et le combat que vous continuez à mener contre les barrières systémiques. Votre présence dans la fonction publique fédérale perpétue cette tradition d’abattre les murs et d’exiger la justice.

À l’IPFPC, nous représentons les professionnels et les professionnelles qui préservent la mémoire de notre pays, y compris les archivistes et les chercheurs et chercheuses du groupe Recherche (RE) dans des institutions comme Bibliothèque et Archives Canada. Ces fonctionnaires dévoués vivent une vérité troublante : lorsque des compressions budgétaires surviennent, ce sont rarement les histoires des plus puissants qui disparaissent en premier. Ce sont plutôt les témoignages des personnes réduites en esclavage, les archives de la résistance autochtone, la documentation sur les communautés marginalisées qui se défendent.

Cette suppression n’est pas accidentelle. Tout au long de l’histoire, le contrôle du récit s’est traduit par le contrôle de l’avenir. Lorsque nous sous-finançons le travail d’archivage, nous participons à un acte délibéré d’oubli qui ne sert que ceux qui profitent de l’injustice.

C’est en 1834 que le Jour de l’émancipation est célébré pour la 1re fois, une tradition qui se poursuit aujourd’hui, les communautés ayant compris que se souvenir, c’est survivre. Nos membres qui préservent les archives ne se contentent pas de cataloguer des documents : ils mènent une bataille quotidienne contre l’effacement historique, en veillant à ce que les voix réduites au silence dans la vie ne le soient pas à nouveau dans la mort.

Appel à l’action

En ce Jour de l’émancipation, l’IPFPC invite ses membres – membres noir·es et allié·es – à défendre avec lui les institutions et les professionnels et professionnelles qui protègent les voix marginalisées. Que vous travailliez dans les archives, la recherche, la politique ou tout autre domaine, vous avez un rôle important à jouer :

●   Militez pour que la recherche historique et la préservation soient suffisamment financées;

●   Appuyez vos collègues qui accomplissent ce travail essentiel;

●   Dénoncez les tentatives de minimiser ou d’effacer des récits difficiles;

●   Souvenez-vous que la préservation de la vérité est un acte de résistance.

La liberté obtenue le 1er août 1834 est le fruit d’une action collective. La protection des archives de cette lutte – et de toutes les luttes pour la justice – nécessite également une action collective.

L’Institut est solidaire de ses membres dans cette lutte essentielle, afin que l’Histoire fasse écho de toutes les voix qui la composent.