Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Mathew Herder, membre du Conseil
d’examen du prix des médicaments brevetés.
Récemment, il a donné sa démission, ainsi que plusieurs membres du personnel de très bonne réputation après que le gouvernement ait fait volte-face sur ses promesses répétées de réglementer correctement les prix des médicaments au Canada (lettre disponible uniquement en anglais).
En 2016, vu l’incapacité des grandes compagnies pharmaceutiques depuis 20 ans à respecter
leurs engagements en matière de dépenses en recherche et développement au pays, le
gouvernement a adopté une mesure législative visant à réformer le modèle d’établissement du
prix des médicaments, car ce modèle datait de plusieurs dizaines d’années et gonflait
artificiellement les prix des nouveaux médicaments. Ces réformes, fondées sur des données
probantes, devaient mettre fin aux prix abusifs des nouveaux médicaments et harmoniser les
prix avec ceux des pays comparables au nôtre. De plus, elles devraient intégrer une analyse
pharmacoéconomique (dans laquelle le prix maximum d’un médicament est basé sur son
efficacité par rapport aux médicaments existants). Des données indépendantes ont démontré
que ces réformes n’auraient pas d’impact négatif sur l’accès aux nouveaux médicaments ou à
l’approvisionnement en médicaments.
Les groupes de pression et les groupes paravents de l’industrie ont débarqué en force pour
confronter les représentants de l’Institut et les défenseurs du Congrès du travail du Canada aux consultations publiques. Lentement mais immanquablement, le gouvernement a fini par fléchir, d’abord quand il n’a pas réussi à faire appel des contestations judiciaires de l’industrie
pharmaceutique contre les réformes, puis quand il a émis un flot ininterrompu de reports. Nous avons alors demandé au gouvernement : faites donc mieux.
Ces problèmes ont réduit la loi à une peau de chagrin, ce qui a ensuite creusé encore plus le
retard du Canada dans la mise en place du régime public d’assurance-médicaments promis
depuis belle lurette. L’assurance-médicaments et la fixation de prix raisonnables pour les
médicaments ne sont pas seulement équitables : elles découlent d’une politique publique
efficace, qui améliore les résultats en matière de santé et permet d’économiser à long terme.
L’Institut continue d’exhorter le gouvernement à tenir sa parole et à réitérer son engagement à
réformer l’établissement du prix des médicaments et l’assurance-médicaments publique. La
pandémie a prouvé que cette réforme est plus essentielle que jamais.
Date de publication : 2 mars 2023